

Vertige
Mon Louvre par Antoine Compagnon

Vertige
En déambulant dans le palais, on tombe tout le temps sur des perspectives étonnantes. Là, sur les monumentaux escaliers mécaniques de l’aile Richelieu, qui ne sont pas ce qu’il y a de plus harmonieux dans l’aménagement du Grand Louvre, soudain l’on plonge vertigineusement sur la cour Puget, somptueux espace couvert abritant les sculptures de plein air du XVIIe au XIXe siècle. Je reparlerai un jour de la merveilleuse idée que fut la couverture de ces cours, devenues de grandioses écrins pour les sculptures royales. Cette fois, je voulais seulement m’extasier sur le contraste de l’escalier mécanique, qui irait mieux dans un aéroport ou un centre commercial, et du point de vue inattendu sur la blancheur des murs, la blancheur des sculptures, la blancheur de la pierre. « La noirceur secrète du lait n’est accessible qu’à travers sa blancheur », disait le poète (je ne sais plus lequel).