La main d’Éros

Mon Louvre par Antoine Compagnon

La main d’Éros

Les visiteurs s’arrêtent avec perplexité devant cette petite main délicatement posée sur un dos intact. Alors qu’ils viennent d’admirer la Vénus de Milo, ils tombent sur ce corps d’une autre déesse fragmentaire et mystérieuse (Sully, salle 344). J’observe une femme qui en fait plusieurs fois le tour, s’immobilise, prend ce dos en photo, puis médite longuement après avoir lu l’étiquette. Aphrodite accroupie, dite la Vénus de Vienne, a été trouvée à Sainte-Colombe, au bord du Rhône, en face de Vienne. D’Éros, qui formait un groupe statuaire avec elle, il ne reste que cette main gauche qui caresse un corps familier. Par un contresens tentant, la sculpture suggère une autre forme de l’amour et devient une allégorie de la maternité.