

La Toilette d’Atalante
Mon Louvre par Antoine Compagnon

La Toilette d’Atalante
Baudelaire n’aimait pas James Pradier. Il le cite au chapitre « Pourquoi la sculpture est ennuyeuse » de son Salon de 1846 : « Ce qui prouve bien l’état pitoyable de la sculpture, c’est que M. Pradier en est le roi. » Le poète concède tout de même que Pradier « sait faire de la chair ». C’est bien le cas dans La Toilette d’Atalante de 1850 (Richelieu, salle 225). En se penchant pour rattacher sa sandale, l’héroïne sportive adopte naturellement la position de la Vénus accroupie de Vienne, déjà signalée, à la petite main enfantine posée sur son dos, tout ce qui reste de l’Amour qui la frôlait auparavant (Sully, salle 344). Baudelaire signalait encore à propos des sculptures de Pradier que l’« on pourrait sans doute en retrouver quelques parties au musée des Antiques ». Il n’aurait pu mieux dire, puisque l’Atalante moderne imite la statue qui avait été découverte à Sainte-Colombe-lèz-Vienne en 1828. À la place de la main de l’Amour, il dessina deux fossettes à son héroïne, témoignage de ce que Baudelaire désignait comme ses « délicatesses particulières de ciseau ».