Les serviteurs bleus

Mon Louvre par Antoine Compagnon

Les serviteurs bleus

Le Louvre abrite des œuvres uniques, notamment ses top ten ou ses fifteen highlights, comme disent les guides, mais il possède aussi de nombreuses séries, séries de cratères grecs, séries d’amphores étrusques, séries de boucles d’oreilles romaines, séries d’yeux égyptiens. Aujourd’hui, je m’arrête devant la série des serviteurs, la troupe de faïence bleue accompagnant un souverain dans sa tombe à Thèbes au deuxième millénaire avant notre ère (Sully, salle 319, E 22126). Ils sont là, miniatures, debout en rangs serrés pour l’éternité, avec les contremaîtres en bout de rangée. Bien sûr, ils me rappellent l’immense armée d’argile enterrée avec le premier empereur de Chine à Xi’an, découverte il n’y a pas si longtemps dans un champ, et que j’ai vue il y a quelques années. Soldats d’argile, serviteurs de faïence, cela vaut mieux que les coutumes qui exigeaient que des hommes fussent enterrés vivants auprès de leur roi. Ces petits serviteurs bleus, quel enfant n’en voudrait-il pas une poignée ?