L'envers du musée

Mon Louvre par Antoine Compagnon

L'envers du musée

Drôle de salle que celle-ci, remplie de cadres sans tableaux, des cadres vides accrochés l’un un à côté de l’autre le long des quatre murs (Sully, salle 906). Cela repose les yeux. Et puis cela rappelle que les tableaux n’ont pas toujours été présentés de la même manière sur les cimaises du Louvre. Ce cadre néogothique, riche, lourd, doré, décoré, avait été commandé par Vivant Denon, le premier directeur du musée au temps de Napoléon, pour enchâsser le Triptyque de l’Annonciation de Carlo Braccesco, datant de la fin du XVe siècle. Mais les goûts ont changé depuis Vivant Denon. Les trois panneaux sont aujourd’hui exposés avec plus de sobriété dans la Grande Galerie, côte à côte, chacun dans un cadre plus étroit, moins envahissant, moins imposant, qui permet aussi de les regarder séparément, sans que le regard soit prisonnier de l’encadrement (Denon, salle 710). Mais ce n’est pas dire que la façon de faire à présent soit plus authentique.