En dépôt du musée du Louvre

Mon Louvre par Antoine Compagnon

En dépôt du musée du Louvre

Petit Palais - Avignon

On n’échappe pas au Louvre. Ayant quitté Paris pour deux soirées au festival d’Avignon, j’en profite pour revoir, après vingt ou trente ans, le musée du Petit Palais. Les tableaux italiens de la collection Campana, achetés par Napoléon III après la faillite du marquis à Rome, dispersés par la suite dans les musées de province, ont été rassemblés au Petit Palais d’Avignon dans les années 1970. Alors que la ville grouille de monde et qu’il y fait 39 degrés à l’ombre, je suis parfaitement seul à déambuler dans les salles rafraîchissantes du musée, escorté par une jeune gardienne qui se méfie de moi et me prend sans doute pour un écologiste dissimulant quelque liquide rouge ou jaune dans ses poches. La plupart des œuvres sont en dépôt du musée du Louvre, comme ce Cima da Conegliano, La Vierge et l’Enfant entre saint Jean-Baptiste et saint François, que je retiens parmi tant de tableaux émouvants en raison de l’humanité de Marie et de la joliesse des anges aviateurs, avec leurs ailettes formant un col sous le menton. La muséographie des années 1970, à l’italienne, rappelant la manière de Carlo Scarpa, métallique, légère, a pris de l’âge avec plus de bonheur que certains lourds ressauts du Grand Louvre.