

Italie-Espagne
Mon Louvre par Antoine Compagnon

Italie-Espagne
Au fond de la Grande Galerie, tout à coup, je me sentis perdu (Denon, salle 718). Je l’avais parcourue en mémoire de mes visites d’enfance et je me préparais à tomber dans la salle des Rubens, sur le cycle monumental de Marie de Médicis. À l’école primaire, la succession des rois de France nous initiait au b.a.-ba de la chronologie. Bien que mythiques pour la plupart, les tableaux de Rubens donnaient de la vérité à notre cours d’histoire en l’illustrant majestueusement : Henri IV recevant le portrait de la reine, l’assassinat d’Henri IV, la naissance de Louis XIII, la proclamation de la régence, le couronnement de la reine, l’échange des deux princesses… L’ensemble paraissait si immuable que l’on eût dit que les tableaux avaient été peints dans cette salle, non pour le palais du Luxembourg. Or le décor était factice. Je tombai sur une salle coupée en deux — Italie d’un côté, Espagne de l’autre —, tandis que les Rubens avaient déménagé. Je les reverrais une autre fois à l’autre bout du musée (Richelieu, salle 801). « Paris change, mais rien mais dans ma mélancolie n’a bougé ! »