Le Louvre à New York

Mon Louvre par Antoine Compagnon

Le Louvre à New York

Cette fois-ci, je suis à New York. Mais, comme à Tokyo, comme à Montalcino, je ne m’échappe pas du Louvre. Me trouvant à l’exposition « Manet / Degas » au Metropolitan Museum, après l’avoir visitée au musée d’Orsay plus tôt dans l’année, je revois les curieuses eaux-fortes de Degas représentant Mary Cassatt au Louvre appuyée à son parapluie, d’une part dans la Grande Galerie, d’autre part dans la galerie étrusque, devant le sarcophage des époux de Cerveteri. J’aime ces estampes. La sœur de Mary Cassatt, assise sur une banquette et apparemment myope, consulte un livret. Cela nous rappelle comment on visitait le musée au XIXe siècle, toujours muni d’un livret, avant que les œuvres soient identifiées par des cartels. Et cela tombe bien, car je comptais parler un jour du sarcophage des époux de Cerveteri, enlacés dans leur « éternel repos » sous le ciel de Twombly dans la salle des Bronzes tout juste restaurée (Sully, salle 663). Mary Cassatt est aperçue de dos. Sans le cartel, on n’aurait pas la moindre idée du modèle. Une femme (pour tout dire, ma belle-sœur) regarde l’eau-forte de Degas. Je la photographie de dos, comme Mary Cassatt.