

La Chatte
Mon Louvre par Antoine Compagnon

La Chatte
Je cours après les chattes des Antiquités égyptiennes (Sully, salle 332). Je dis les chattes et non les chats, sans bien savoir pourquoi. Peut-être à cause du roman de Colette, La Chatte, qui est l’un de mes préférés. Ou bien parce que l’un de ces chats égyptiens est manifestement une chatte avec son chaton, tout petit, mignon, accroché à son échine. J’interprète les autres sur ce modèle. Ces chattes du VIe siècle avant notre ère ressemblent en tout point aux nôtres. Ce sont nos chattes, ou nos chats, à l’affût, au repos, représentés avec tout le réalisme et l’attention que procure l’amour des animaux domestiques. Devant ces chats ou ces chattes, sans compter les nombreux sarcophages de félins, que conclure sinon à la permanence de l’homme (et de la femme), un (ou une) depuis des millénaires ? Le musée du Louvre, dans son extrême diversité, recèle une leçon d’universalité. C’est ce que les chattes égyptiennes de la Basse Époque m’enseignent.