

Le musée des jeunes
Mon Louvre par Antoine Compagnon

Le musée des jeunes
C’était pendant les vacances scolaires de la Toussaint, un après-midi de semaine. Ce jour-là, j’arrivais de loin et le musée me fit une excellente impression. Je croisais divers groupes de jeunes écoutant avec attention leurs guides dans des salles souvent délaissées par les visiteurs pressés. Je venais de surprendre les commentaires de La Résurrection de Lazare par Gérard de Saint-Jean, artiste des Pays-Bas au XVe siècle, qu’une jeune femme faisait à une douzaine d’adolescents qui l’entouraient et prenaient studieusement des notes (Richelieu, salle 818). Pour cette visite-là, j’avais décidé de voir des résurrections de Lazare et des autoportraits. Pourquoi cette double intention ? Je ne le sais plus. Mais je cherchais le petit médaillon de cuivre émaillé gravé par Jean Fouquet vers 1450, parce qu’y figure l’un des plus anciens autoportraits du musée (Richelieu, salle 505). Comme sa taille est minuscule, j’inspectais toutes les vitrines. Or tout le milieu de la salle était occupé par un jardin d’enfants accompagné d’autant de maîtres et de maîtresses, à moins que ce ne fussent les parents. Tout ce petit monde très sage, assis en tailleur, rempli de curiosité, heureux d’être là. De quoi justifier un musée. J’ai virevolté autour de leur cercle à la recherche du médaillon de Fouquet.