

Kitsch
Mon Louvre par Antoine Compagnon

Kitsch
Quoi de plus kitsch que la Joconde, reproduite sous mille et une formes par le commerce de la bimbeloterie ? Cartes postales, affiches, caricatures, crayons, stylos, boutons de manchette, assiettes, tasses, statuettes de toutes les tailles et de toutes les couleurs, abat-jours, bougies, vases, porte-clés, et même des stérilets. Un homme, Jean Margat, a consacré sa vie à collectionner des Jocondes. Il a réuni un prodigieux cabinet de curiosités. Il l’a offert au Louvre, qui l’a traité, catalogué, mais n’a pas décidé ce qu’il en ferait. J’ai vu cette ribambelle de Jocondes dans les bureaux des conservateurs. Cette pinacothèque de produits dérivés, comme on les appelle aujourd’hui, est à la fois monstrueuse et admirable. Elle exploite l’icône sur le marché, mais ce n’est pas sans lui rendre hommage. Et rien n’atteint sa souveraineté.