Les amis retrouvés

Mon Louvre par Antoine Compagnon

Les amis retrouvés

Ces deux lions ont beaucoup voyagé récemment. Au printemps dernier, celui du Louvre (à gauche, AO 19937 et 19938) était parti au Metropolitan Museum de New York pour une exposition sur l’art dans les premières cités du Moyen-Orient, au troisième millénaire avant notre ère. Ce printemps-ci, c’est le lion de New York (à droite) qui a rejoint le Louvre, où il séjournera durant la rénovation de son département étatsunien (Sully, salle 302). Ce sont des clous de fondation en cuivre à tête de lion, provenant du royaume d’Urkesh, aujourd’hui la région d’Amuda en Syrie. Les félins, gueule ouverte, griffes sorties, tiennent sous leur pattes une plaque recouverte d’une inscription. Le lion du Louvre couvre une tablette de pierre elle aussi inscrite en hourrite, écriture cunéiforme dont c’est la plus ancienne attestation. La force de l’animal garantit que le temple où ces clous sont fichés durera pour l’éternité. Le temple n’est plus, mais nos lions ne cessent pas de se tenir compagnie grâce à la bonne entente des musées, comme l’illustre la merveilleuse exposition « The Met au Louvre », présentant dix pièces du Metropolitan auprès de leurs pendants du Louvre pendant la fermeture du département de l’Art du Proche-Orient ancien à New York.