Bain de pied

Mon Louvre par Antoine Compagnon

Bain de pied

C’est le pied droit de l’Amour dans L’Amour et Psychéà demi couchée d’Antonio Canova (Denon, salle 403). Au rez-de-chaussée de l’aile Denon, cette sculpture est aussi populaire que les esclaves de Michel-Ange qui s’imposent de toute leur hauteur tortueuse à l’autre extrémité de la galerie italienne, sur fond du portail du palais Stranga de Crémone. Canova est tellement réclamé des gardiens que son nom a été ajouté au feutre rouge sur un panneau signalant l’entrée de la salle. Non loin de l’Apollon vainqueur du serpent Python, décor privilégié de glorieux selfies reproduisant la pose du dieu de la beauté masculine, L’Amour et Psyché, œuvre fétiche, rassemble une foule piétinante d’admirateurs qui tournent autour d’elle. On se prend en photo et on caresse le pied de l’Amour, comme celui de Montaigne en face de la Sorbonne. Est-il lui aussi censé porter bonheur ? Le pied de Canova mériterait en tout cas un bon coup de savon.