Chien ou lionceau

Mon Louvre par Antoine Compagnon

Chien ou lionceau

Le Tombeau de Philippe Pot, grand sénéchal de Bourgogne, a toujours beaucoup de succès (Richelieu, salle 210). Les enfants se penchent pour apercevoir sous leur capuchon le visage des pleurants, les huit porteurs du gisant sur leurs épaules, revêtus de longues capes noires, chacun tenant à la main l’un des quartiers de noblesse du mort. Ils ne sont pas grandeur nature et pour les adultes peu souples l’effort de se plier serait trop grand. Une longue épitaphe court le long de la dalle blanche sur laquelle repose le sénéchal, casqué, revêtu d’une côte d’armes, les mains jointes. À ses pieds, se dresse l’animal emblématique, chien ou lionceau, on ne sait, ou chien ressemblant à un lionceau, promettant à la fois la fidélité et la résurrection. Depuis le XVe siècle à l’abbaye de Cîteaux, le monument a survécu à la Révolution, à la différence de l’église, et avec l’Allégorie de la mort venue du cimetière des Innocents, dans une salle voisine (Richelieu, salle 212), il fait de cet itinéraire, au nord-ouest de la cour Marly, un formidable memento mori pour l’édification du touriste.