

Icônes ukrainiennes
Mon Louvre par Antoine Compagnon

Icônes ukrainiennes
Le Louvre ouvrira prochainement un neuvième département consacré aux Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient. Cinq œuvres du musée national des arts Khanenko de Kyiv, abritées pour le moment à Paris, nous ont donné en 2023 un avant-goût de ce futur département aux abords des Arts de l’Islam (Denon, salle 173). Quatre icônes proviennent du monastère fortifié Sainte-Catherine, construit au VIe siècle au mont Sinaï, devenu haut lieu du monachisme et étape des pèlerinages en Terre sainte, puisque Dieu y était apparu à Moïse dans un buisson ardent et que Moïse y avait reçu les Commandements. Éloignées de l’Empire romain d’Orient, ces icônes échappèrent à la destruction lors de l’iconoclastie des VIIIe et IXe siècles. Elles sont donc les plus anciennes icônes qui nous soient parvenues. L’une d’elles, datant du VIIe siècle, représente saint Platon et sainte Glycérie, deux martyrs. Une croix d’orfèvrerie apparaît entre eux. Ces précieuses icônes du Sinaï se trouvent un peu par hasard à Kyiv depuis le milieu du XIXe siècle, où elles ont survécu aux vicissitudes de l’histoire, révolutions, invasions et bombardements. Il a toutefois paru sage à leurs conservateurs de les confier au Louvre jusqu’à la fin de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Ainsi ai-je fait la connaissance de saint Platon et de sainte Glycérie, dont j’ignorais tout. L’exposition a fermé, mais ne négligez pas la petite salle des icônes du Louvre (plus tardives, grecques et russes), cachée dans un recoin de la peinture espagnole (Denon, salle 734).