Blanc sur blanc

Mon Louvre par Antoine Compagnon

Blanc sur blanc

Voici, n’est-ce pas, tout un groupe de visiteurs en train d’admirer en silence une œuvre moderne, blanc sur blanc, dans la Grande Galerie (Denon, salle 710). Non, le tableau n’est pas un Malevitch acquis subrepticement par le musée du Louvre, mais une toile venue du musée Capodimonte de Naples, recouverte de tissu à quelques jours de son dévoilement lors du vernissage de l’exposition. L’ouverture de gauche mène à la salle des États, toujours engorgée, renfermant la peinture vénitienne, les Titien, les Véronèse, les Tintoret, et surtout la Mona Lisa (Denon, salle 711). Ce sont des touristes chinois qui regardent non pas un tableau blanc sur blanc, mais leur guide, une jeune femme qui s’est installée là pour leur faire plus commodément sa leçon sur le chef-d’œuvre de Vinci, dont elle tient en main une reproduction tandis qu’elle délivre son commentaire. Une fois instruits, ils feront sagement la queue devant la Joconde. Me plaît le pli qui traverse la toile en diagonale d’un coin à l’autre : pli sur pli, comble de modernité.