

Le Saint Sébastien de Montalcino
Mon Louvre par Antoine Compagnon

Le Saint Sébastien de Montalcino
Musée municipal de Montalcino
Au mois d’août dernier, en Italie, je rédigeais une préface au Journal de voyage de Montaigne. Celui-ci étant passé en 1580 tout juste par là où je me trouvais, je suivis ses traces dans la Val d’Orcia, à Buonconvento, San Quirico, Bagno Vignoni, et surtout à Montalcino, rocher-forteresse qui avait été tenu par les Français quelques décennies avant la visite de l’auteur des Essais. Il y avait cherché les sépultures françaises dans l’église San Agostino, mais le duc de Florence les avait fait effacer. Le musée municipal étant installé dans le couvent mitoyen de Saint Augustin, je l’ai parcouru ensuite avec sa directrice, aussi la conseillère à la culture de la commune. Comme tous les musées des bourgs de Toscane, celui-ci a été merveilleusement aménagé grâce à la générosité de la banque Monte dei paschi di Siena, aujourd’hui à la peine. La directrice m’arrêta devant son Saint Sébastien, par Andrea et Luca della Robbia, terre cuite émaillée du début du XVIe siècle, pour me confier combien elle était fière qu’il ait été exposé au Louvre avec d’autres sculptures italiennes de la Renaissance, lors de l’exposition « Le Corps et l’Âme. De Donatello à Michel-Ange », exposition maudite, puisqu’elle devait se tenir au printemps 2020, que l’épidémie retarda son ouverture à l’automne, mais qu’après huit jours nous fûmes à nouveau confinés. Je vis l’exposition pendant ces huit jours, dont ce Saint Sébastien qui en était l’un des clous. Le retrouver chez lui, au petit matin, sans autres visiteurs, ce fut une épiphanie. Prions pour que les œuvres continuent de circuler d’ouest en est et du nord au sud malgré les épidémies.