Ce retable d’autel, avec des volets peints ouvrant sur des sculptures en bois polychromé, témoigne de façon caractéristique de l’art religieux de la fin du Moyen Âge dans les pays germaniques.
Fermé, ouvert : des couleurs et de l’or
Ce retable conserve toutes ses composantes à l’exception de son couronnement et, malgré des restaurations anciennes, sa polychromie d’origine. Il est composé d’une caisse en bois résineux ornée au revers de rinceaux peints en vert, fermée par deux volets peints représentant saint Nicolas et saint Martin. Ouverts, les volets dévoilent sur les faces internes, en bas-relief, saint Bernardin de Sienne et probablement saint Roch ; dans la caisse, trois statues en haut relief représentant un jeune saint, la Vierge et l’Enfant, et un saint évêque. Des rinceaux végétaux surmontent les figures des volets, ornent la façade du dais qui abrite les statues et forment une frise dans le bas des volets et de la caisse. Les drapés aux plis anguleux, en fort volume, témoignent de la maîtrise du sculpteur. Les visages intéressent par leurs traits bien caractérisés et peu banals. La polychromie est très riche. L’abondance de l’or, les effets chatoyants et les techniques d’exécution sont typiques de l’Allemagne de la fin du XVe et du début du XVIe siècle.
Un retable en quête de provenance
Ce type de retable pouvait prendre place sur l’autel d’une église ou d’une chapelle, le choix des saints correspondant aux titulatures, dédicaces et fondations du sanctuaire. Alors que la dévotion envers saint Nicolas, saint Martin, ou saint Roch est trop répandue pour être caractéristique, la difficulté à reconnaître les saints de la caisse centrale interdira sans doute d’identifier cette église. Toutefois, saint Bernardin, saint historique italien dont le culte s’est développé en Italie, est rare en Allemagne. Aussi peut-on penser à une production de l’Allemagne du Sud destinée à l’exportation vers des régions proches de l’Italie, comme la Suisse ou le Tyrol ; ou à une production locale, par exemple un atelier du Tyrol du Sud dont le style témoignerait de la diffusion de formules souabes.
De la collection Spitzer au musée du Louvre
Ce retable provient de la collection de Frédéric Spitzer (1815 – 1890), célèbre marchand et collectionneur autrichien installé à Paris en 1852, spécialisé dans l’art du Moyen Âge et de la Renaissance. Le retable ne figurait pas à sa vente après-décès de 1893. Il est resté chez ses héritiers de 1893 à 2024. Si le département des Sculptures conserve une remarquable collection de sculptures allemandes, riche de statues et reliefs, il ne peut montrer qu’un seul retable, assez repris. Ce retable presque complet et relativement peu altéré par des restaurations apporte à la collection une œuvre qui, au-delà de son caractère spectaculaire, facilitera la compréhension de tout cet ensemble. Une longue restauration sera cependant nécessaire avant sa présentation au public.
Entretien avec Bernd Pappe, restaurateur spécialisé en miniature
Le département des arts graphiques du musée du Louvre conserve au total plus de 2 700 miniatures, dont plus de 1 400 léguées en 2023.
Au mois de février 2024, le département entreprenait une session de restauration de plusieurs œuvres de sa collection. L’occasion de s’entretenir avec Bernd Pappe, restaurateur spécialisé en miniature.