Bernard Palissy et son héritage : le projet de recherche FIGULINES
Objets d’artProjet de recherche
Le 28 janvier 2022
Dans la continuité des études menées depuis plusieurs décennies par le musée du Louvre, le musée national de la Renaissance à Écouen et le Centre de Recherche et de Restauration des musées de France, le projet FIGULINES (2018-2021) met à profit les acquis les plus récents de la recherche sur Bernard Palissy et les céramistes anonymes parisiens du XVIIe siècle en associant de façon innovante ces partenaires habituels aux unités mixtes de recherche compétentes implantées au Muséum national d’histoire naturelle.
Bernard Palissy (Agen, vers 1510 - Paris, 1590), céramiste de génie au service de la cour, obtient en 1563 le titre d’« inventeur des rustiques figulines du roi » (poteries à décor naturaliste). Il est l’auteur d’une étonnante vaisselle d’apparat et de grottes artificielles dont la surface s’anime d'animaux et de coquillages en relief, moulés avec la plus grande précision et revêtus de fines glaçures colorées, dans un souci d'imitation parfait de la nature. Le musée du Louvre conserve deux exceptionnelles pièces de vaisselle, un plat et une aiguière, probablement sorties de l’atelier de Palissy à Saintes, vers 1555-1565. L’artiste est ensuite appelé à venir travailler pour la reine Catherine de Médicis à Paris. Si moins de dix pièces de vaisselle de Palissy sont actuellement conservées au monde, plusieurs milliers de fragments de terre cuite et de moules en plâtre sortis de son atelier parisien ont été mis au jour lors des fouilles archéologiques menées à l’occasion du Grand Louvre (1984-1990) et sont actuellement conservés au musée national de la Renaissance au château d’Ecouen.
Les ateliers « post-palisséens » du XVIIe siècle
Paris (?), première moitié du XVIIe siècle, Bassin à décor de rustiques figulines, terre cuite glaçurée, musée du Louvre, département des Objets d’art, OA 1361
L’héritage esthétique et technique de Palissy se manifeste au début du XVIIe siècle par une production, cette fois-ci sérielle, de céramiques moulées à décor rustique, dont le type le plus fréquent dit « du serpent dans une île » associe désormais, en plus des animaux, des végétaux et des coquilles fossiles provenant des sables de l’Eocène du Bassin parisien. Les ateliers à l’origine de cette nouvelle production de céramique moulée à décor rustique restent encore anonymes à ce jour. Les données archivistiques et naturalistes les plus récentes pointent néanmoins la région parisienne et, probablement, Paris. Près d’un millier de céramiques moulées à décor décoratif, historié ou rustique, sont de nos jours conservées dans les collections muséales du monde entier, illustrant l’ampleur de cette production.
Le projet de recherche FIGULINES
Schéma de répartition de la biodiversité sur le bassin OA 1361
Soutenu par la région Île-de-France dans le cadre du Domaine d’intérêt majeur « matériaux anciens et patrimoniaux » et par la Fondation des Sciences du Patrimoine, le projet FIGULINES se donne deux objectifs principaux. Il cherche à valider les hypothèses en cours sur la question des moulages et l’identification des ateliers de production possiblement parisiens de la céramique post-palisséenne, grâce à la mise en œuvre de deux axes d’étude complémentaires : un axe « moulage / imagerie » avec comme objectif l’identification des moulages grâce à l’imagerie 3D, et un axe « biodiversité / statistiques » avec comme objectif l’identification naturaliste des espèces moulées et la classification de groupes d’œuvres par un traitement statistique multivarié des données.
Botanistes, zoologistes, spécialistes de l’imagerie 3D, des bases de données et des statistiques apportent désormais leur contribution aux archéologues, historiens et historiens de l’art, pour tenter de mieux comprendre les techniques et la production de Palissy et des ateliers anonymes du XVIIe siècle.
À voir
Le film d’animation « Sur les traces des rustiques Figulines »
Destiné à un public non spécialisé, ce film d’animation de cinq minutes retrace le contexte et les objectifs de ce projet de recherche pluridisciplinaire.
Partenaires : musée du Louvre, musée national de la Renaissance à Écouen, Centre de Recherche et de Restauration des musées de France, Muséum national d’histoire naturelle (AASPE, BBEES, ISYEB), musée des Beaux-Arts de Lyon.
Financement : DIM Matériaux anciens et patrimoniaux, Fondation des Sciences du patrimoine, musée du Louvre. Réalisation : société SISSO.
Les résultats les plus récents de ces recherches sont présentés dans la revue Techné :
F. Barbe, A. Bouquillon, T. Crépin-Leblond, A. Gerbier (dir.), Bernard Palissy. Nouveaux regards sur la céramique française aux XVIe et XVIIe siècles. Techné, n° 47, 2019, p. 6-142. Accessible gratuitement en Open Edition Journals.
Les conclusions du projet FIGULINES paraîtront prochainement dans la revue Anthropozoologica :
L. Métreau, F. Barbe, A. Gerbier, C. Callou (dir.), Chercher la petite bête : contribution des sciences historiques et naturelles à l’étude des céramiques à décor rustique (1550-1650), Anthropozoologica.
Le département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient organise un colloque international sur les icônes en lien avec l’acquisition par le musée du Louvre de la collection de la famille Abou Adal. Il se tiendra le lundi 7 avril 2025 au Collège de France et le mardi 8 avril 2025 à l’Ecole du Louvre, partenaires de l’événement.
Le 14 mars 2025
Arts de Byzance et des chrétientés en OrientColloque international
La publication des 520 notices d’œuvres du Répertoire marque l’achèvement du programme de recherche et de la base de données sur les sculptures allemandes des musées de France.