Barbara Chase-Riboud dénoue le Louvre

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Le 27 octobre 2024

L’exposition Quand un nœud est dénoué, un dieu est libéré rend hommage à Barbara Chase-Riboud, sculptrice, poète et romancière ayant franchi de nombreuses frontières, tant géographiques qu’artistiques. À l’occasion d’une collaboration inédite entre huit prestigieux musées parisiens, dont le co-commissariat général est assuré par Donatien Grau, ses sculptures seront exposées dans le département des Antiquités égyptiennes et celui des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Si le titre de l’exposition et du recueil de 2014 évoque un dénouement, c’est donc aussi, au sens fort, une œuvre qui « fait lien », dans le Louvre et au dehors.

En 1957, Barbara Chase-Riboud quitte les États-Unis et arrive d’abord à Paris. Il ne lui reste que quelques heures avant de prendre un train pour l’Italie, où elle part étudier à l’American Academy de Rome. Dans ce court intervalle, elle trouve le temps de courir au Louvre pour admirer la Victoire de Samothrace. Cette escapade impromptue reflète l’audace d’une jeune artiste, dont le MoMA conservait déjà une œuvre. Lors d’une soirée romaine, elle décide ensuite, sur un coup de tête, de suivre un couple jusqu’en Égypte. Abandonnée par eux à son arrivée, la voici seule en plein conflit israélo-égyptien. Ce voyage initiatique, où elle découvre les monuments d’Alexandrie, de Louxor et du Caire, la marquera à vie. À l’issue de ses études à Yale – devenant la première africaine-américaine diplômée du département d’Architecture – elle s’installe à Paris, au début des années 1960, où elle fréquente des artistes comme Henri Cartier-Bresson et Giacometti, tout en continuant à visiter régulièrement le Louvre.

L’œuvre debout 

Africa Rising, Standing Black Woman of Venice ou la Colonne d’Or : les œuvres emblématiques de Barbara Chase-Riboud sont levées, obstinément érigées contre l’adversité du temps et de la violence politique. À travers des cultures matérielles dissemblables, alliant la rigidité des métaux à la souplesse textile, ses sculptures défient les frontières entre le permanent et le périssable, l’Histoire et les récits enfouis. Les cordes, qui y sont souvent présentes, attrapent dans leurs filets les figures légendaires qui lui sont chères, de Malcolm X à Joséphine Baker, en passant par Cléopâtre dont la mémoire traverse ses œuvres. L’artiste relate : « La première œuvre que j’ai consacrée à Cléopâtre fut The Cape, en 1973. La forme s’inspirait, curieusement, […] d’une robe enterrée d’un empereur chinois et de son épouse faite de plaques de jade. » 

The Cape est constituée de 3500 tesselles de bronze liées par des fils de cuivre. Une cascade de nattes tressées se déverse en son milieu, emportant, dans son flux, les paradoxes de cet imposant amas métallique qui semble pourtant fluide, animé par des reflets et scintillements furtifs. Colonne d’or, exposée sous la Pyramide, alterne aussi des pans de corde et morceaux de métal qui semblent en ascension. De dénuement en dénouement, Barbara Chase-Riboud n’aura cessé de poser la question de ce qui lie et sépare l’écriture matérielle et la sculpture des mots « J’écris ce que je ne sculpte pas et je sculpte ce que je n’écris pas », confie-t-elle encore récemment. Aux côtés de ses sculptures, elle placera ainsi dans le Louvre des reproductions de ses poésies plongeant ses spectateurs au cœur d’un espace où se dénouent les liens entre le langage et les formes. 

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