
Département des Arts de Byzance et des chrétientés en OrientRecherche et conservation | Département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient | L’histoire de la collection
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L’histoire de la collection
Le département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient est le dernier département de conservation créé au musée du Louvre (2022), mais la constitution de ses collections, environ 20 000 œuvres, est ancienne. Elles couvrent des typologies extrêmement variées (archéologie, sculptures, peintures, objets d’art, arts graphiques), une période allant du IIIe siècle au début du XXe siècle et une aire géographique très vaste s’étendant de l’Éthiopie à la Russie, du Caucase à la Mésopotamie, des Balkans au Levant.
Les premières œuvres byzantines qui rejoignent les collections encyclopédiques du musée en 1793 proviennent du trésor de l’abbaye royale de Saint-Denis (Icône en lapis-lazuli) et du trésor de la Sainte-Chapelle. Elles sont alors collectées pour leur intérêt au regard des collections nationales, et non comme des témoignages de l’art byzantin. C’est ensuite l’acquisition ou la donation de collections entières, comprenant des objets byzantins, qui enrichit le fonds du musée pour ces périodes avec l’achat, par exemple, de la collection Pierre Révoil en 1828 ou celle de la collection du marquis de Campana en 1861.
Du Second Empire jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, on assiste à une lente émergence de l’art byzantin dans la politique d’acquisition du musée. Mais la perception de son originalité est encore bien hésitante. Byzance est alors considérée comme la décadence de l’Antiquité, comme en témoignent les acquisitions de la patère de Cherchel ou de l’ivoire Barberini en 1899. Au département des Objets d’art, c’est la réflexion neuve du conservateur Émile Molinier (1857-1906) qui permet d’identifier l’art byzantin comme une entité à part et de mettre en place une politique d’acquisition enrichissant singulièrement les collections du Louvre pour les arts précieux, avec, par exemple, l’acquisition du triptyque « Harbaville ». En parallèle, le produit des fouilles archéologiques menées à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle dans le Bassin méditerranéen, en Égypte et en Orient, dote les collections du musée d’ensembles remarquables comme les mosaïques de Qabr Hiram et les produits des fouilles de Baouît et d’Antinoé. Pourtant, ces œuvres ne sont que peu exposées et ne sont pas encore perçue comme les fruits d’une civilisation à part entière.
Un changement de perception survient en 1931 avec l’Exposition internationale d’art byzantin organisée au musée des Arts décoratifs à Paris. On entreprend alors un premier rassemblement d’œuvres byzantines, mais c’est la création de la Section des Antiquités chrétiennes en 1955 par Etienne Coche de la Ferté (1909-1988) qui préfigure celle d’un véritable département consacré à l’Orient chrétien. Les collections réunies vont du IIe siècle, avec les portraits funéraires de l’Égypte romaine, jusqu’au XIXe siècle, avec un ensemble d’icônes slaves. C’est une évolution majeure dans la perception des œuvres, et la seule période durant laquelle le musée mène une politique d’acquisitions dédiée, enrichissant la collection de près de mille objets. Après la disparition de la Section des Antiquités chrétiennes en 1971, toute possibilité d’acquisition se heurte aux contours chronologiques, géographiques ou techniques des départements.
L’un des principaux enjeux du département aujourd’hui est ainsi de donner une unité à sa collection, constituée par segments, et de la développer de manière à rendre lisible sa cohérence et à construire des ensembles signifiants scientifiquement et artistiquement. Sa politique d’acquisition est menée avec une particulière vigilance, le patrimoine des chrétientés en Orient a, en effet, été victime des heurts de l’histoire moderne et contemporaine, de pillages ou tout simplement de l’incurie des autorités. Depuis sa création, le département porte ainsi une politique d’acquisition dynamique, mais précautionneuse quant à la provenance des œuvres, comme l’ont montré les acquisitions récentes d’un triptyque impérial russe de la maison P. I. Olovyanishnikov, d’une icône de la Crucifixion d’Emmanuel Lambardos ou encore d’un encensoir dit « de Kamechlié ». L’acquisition en 2025 de l’exceptionnelle collection d’icônes de la famille Abou Adal a permis de faire du Louvre l’un des musées de référence mondiale pour les icônes.