Revoir Watteau
16 octobre 2024 – 3 février 2025
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Des comédiens au reposAntoine Watteau,
La Partie quarrée
Vers 1713
Huile sur toile, 50 × 63 cm
San Francisco, The Fine Arts Museum, inv. 1977-09-06
Quelques années avant de réaliser le Pierrot, Watteau met déjà en scène ce personnage de théâtre aux côtés d’autres comédiens. Dans La Partie quarrée, iI le présente légèrement à l’écart de ses compagnons, comme si sa maladresse le distinguait quoiqu’il fasse.
Une « partie quarrée » entre comédiens
Dans la pénombre d’un jardin, quatre comédiens sont réunis pour une « partie quarrée », qui désignait à l’époque de Watteau un moment de détente partagé par deux couples. Pierrot est reconnaissable à son costume blanc et à son chapeau. Mezzetin, personnage de valet rusé, est identifiable grâce à son vêtement de satin rayé. Les deux comédiennes, probablement une Isabelle (jeune première) et une Colombine (servante rusée), sont vêtues de chatoyants costumes de soie. Bien que le tableau figure quatre comédiens, il ne représente pas une scène de comédie précise, mais plutôt un moment de délassement, peut-être à l’issue d’un spectacle.
Une variante des Jaloux
La réunion des quatre comédiens constitue une variante d’un autre tableau de Watteau, Les Jaloux, aujourd’hui perdu, mais connu grâce à une gravure. Cette œuvre fut très importante pour la carrière de l’artiste, car elle lui permit d’être agréé en 1712 par l’Académie royale de peinture et de sculpture. Elle mettait en scène les mêmes personnages dans le cadre similaire d’un parc à l’abandon, orné de sculptures. La différence majeure réside dans le traitement de la figure de Pierrot. Le valet de comédie, qui était assis sur un banc entre les deux jeunes femmes, au centre de la composition des Jaloux, est repoussé hors du groupe dans La Partie quarrée.
Un divertissement mal engagé
Pierrot est tenu à l’écart et ne parvient pas à s’assoir aux côtés de ses compagnons. L’une des deux comédiennes occupe malicieusement la place en allongeant ses jambes sur le banc. Elle lui tend d’ailleurs un masque, accessoire de comédie qui renvoie également à la fausseté et au mensonge. Pierrot doit donc rester de dos, dans la pire des positions pour un comédien. Il se tient figé, les bras ballants, dans la posture embarrassée qui le caractérise. La sculpture représentant un amour chevauchant un dauphin donne peut-être la clé de lecture du tableau, puisqu’elle symbolise l’impulsivité amoureuse qui doit être maîtrisée.
Quelques variantes
Antoine Watteau, La Partie quarrée, vers 1713, huile sur toile, 50 × 63 cm, San Francisco, The Fine Arts Museum, inv. 1977-09-06
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