Claude Gillot
21 mars – 23 juin 2024
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Une « Arlequinade » rocambolesqueClaude Gillot
Arlequin esprit follet : « N’excluons point amis un habile convive »
Vers 1695-1705
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Inv. 26748
La feuille d’Arlequin esprit follet exécutée par Claude Gillot entre 1695 et 1705 fait partie des quatre dessins gravés par ses soins pour le recueil de Quatre scènes comiques. L’on en connaît deux compositions tracées à l’encre noire rehaussée de lavis de sanguine, fidèles à la manière de l’artiste.
La farce comme ressort comique
Gillot dépeint ici l’acte II d’une pièce écrite par Marcantonio Romagnesi en 1670 et probablement jouée dans les foires parisiennes que fréquentait l’artiste. Cette œuvre de la comédie italienne conte l’histoire d’Isabella, fille du Docteur et mariée de force à Scaramouche, alors même qu’elle est éprise d’Octavio. Arlequin apparaît comme par magie et use de tours et de farces pour repousser le prétendant et ses sbires attablés à l’occasion d’un banquet. Déconcertés, ils sentent la table et les bancs être propulsés dans les airs, tandis qu’Isabella assiste ébahie à la scène, observant avec étonnement ce surprenant héros.
Le goût pour les effets pyrotechniques
Arlequin esprit follet met en scène un spectacle comique rendu spectaculaire par la représentation d’effets pyrotechniques rares dans l’œuvre du dessinateur. La machinerie nécessaire pour engendrer de tels résultats visuels est à l’époque peu répandue dans le théâtre des foires populaires, et sa présence témoigne donc de la grande capacité d’invention dont fait preuve Gillot lorsqu’il conçoit sa composition. Convoquant mécanismes complexes et fantasmagoriques, ces machineries théâtrales destinées à impressionner les spectateurs permettent ici à Gillot de donner vie à la scène.
Le type d’Arlequin
Issu des légendes médiévales, le type d’Arlequin développé à la Renaissance, est introduit en France dans le dernier quart du XVIe siècle par l’intermédiaire de Catherine de Médicis qui accueille des troupes italiennes à la cour de France. Ces comédiens se produisent à Paris pour jouer leurs spectacles qui content les histoires de personnages stéréotypés, à l'aide de l’une des figures centrales de la comédie italienne : Arlequin. Ce valet espiègle et farceur est identifiable par son célèbre costume fait de losanges colorés complété d’un masque noir, et par son goût pour le travestissement. Si son caractère est à l’origine assez sombre, il s’oriente au XVIIe siècle vers plus de légèreté et met en avant un air malicieux et burlesque, que Gillot retranscrit à la perfection dans ce dessin.
Autour du personnage d'Arlequin
Claude Gillot, Arlequin esprit follet : « N’excluons point amis un habile convive », vers 1695-1705, Paris, musée du Louvre
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