Valérie Belin et Michel Poivert se retrouvent pour évoquer une part essentielle de l’esthétique de la photographe lors d’un entretien et d’une projection. Les « choses » entretiennent-elles avec le médium du réel une relation particulière ? À quelle catégorie iconographique renvoient-elles ? Le genre de la nature morte a été très tôt investi par la photographie qui a su composer à la faveur de la réunion d’objets évoquant la tradition picturale ou les assemblages dignes de cabinets de curiosités. À chaque époque ses objets évocateurs de la vanité des humains, avec Valérie Belin, il n’est plus question de tableaux de chasses ou bien encore de fruits dont le mûrissement forme la métaphore du caractère compromis de toute existence. Il s’agit d’objets de pacotille et d’instruments du quotidien, d’une sorte de déballage dont le désordre des choses sans importance produit paradoxalement l’illusion d’une richesse dont les couleurs, les reflets et la variété des formes et des matières sont les générateurs. Valérie Belin se joue des références, celles de la tradition picturale comme celles de la photographie publicitaire. Les choses entre elles semblent avoir pris la pose et recréent un désordre du monde.
Valérie Belin est une artiste plasticienne française. Née en 1964 à Boulogne-Billancourt, elle vit et travaille à Paris. En 1994, elle présente une première série de photographies à Paris. Ses œuvres sont aujourd’hui exposées dans le monde entier et font partie de nombreuses collections publiques et privées. Lauréate du prix Pictet en 2015, elle a été nommée officier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2017.
Michel Poivert est Professeur d'histoire de l'art à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne où il a fondé la chaire d’histoire de la photographie. Il est également commissaire d'exposition et préside le Collège international de photographie. Il a notamment publié « La photographie contemporaine » (Flammarion 2018), « 50 ans de photographie française de 1970 à nos jours » (Textuel 2019) et récemment « Contre-culture dans la photographie contemporaine » (Textuel 2022).
*En lien avec l'exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte. » du 12 octobre 2022 au 23 janvier 2023 (Hall Napoléon).