Véritable relique ou rêverie littéraire ? La tunique de Thaïs

Podcasts

Avec Maximilien Durand, directeur du département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient

Au Louvre est conservée une tunique de lin blanc ayant appartenu à Sainte Thaïs. Maximilien Durand, directeur du département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient du Musée, nous guide à travers son de son histoire, entre polythéisme crépusculaire de l'Orient et le christianisme naissant.

Cette modeste tunique en lin blanc, découverte dans la vaste nécropole d'Antinoé, est le vêtement déchiré de plusieurs histoires qui eurent une grande influence : sur l'archéologie certes, mais aussi sur l'histoire littéraire, musicale, cinématographique, artistique. Matisse, Rodin, Rouault, Fortuny sont autant d'artistes qui ont été influencés par cette tunique. Pour nous raconter son histoire, le critique et historien d'art Jean de Loisy reçoit Maximilien Durand, directeur du département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient au Louvre.

La tunique de Thaïs, chef-d’œuvre de textile tardo-antique

La tunique de Thaïs est une pièce textile remarquable conservée au Musée du Louvre, au sein du Département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient. Datée de l'époque byzantine, entre 540 et 650 après J.-C., cette tunique a été découverte en 1901 dans la tombe de Thaïs, située à Antinoé, en Moyenne Égypte. Confectionnée en lin et en laine, la tunique mesure 135,5 cm de hauteur et 82 cm de largeur. Elle présente un décor orné de motifs floraux et de franges, réalisés à l'aide de techniques telles que le brochage, la tapisserie et la toile. Lorsqu'Albert Gayet, égyptologue français, met au jour la nécropole d'Antinoé au tournant du XXᵉ siècle, il exhume des centaines de textiles coptes, dont cette tunique. Présentée lors d'expositions, notamment au Musée Guimet en 1901, la tunique devient un objet de curiosité et d'inspiration.

De la nécropole d’Antinoé à la vitrine du musée Guimet

Maximilien Durand décrit les conditions d'exposition de la tunique, notamment lors de l'Exposition au Musée Guimet en 1901 : "Ce que décrit magnifiquement Anna de Noailles, c'est la vitrine dans laquelle a été présentée la dépouille d'une défunte d'Antinoé, découverte avec son nom, inscrit dans la tombe, celui de Thaïs. Cette dépouille a été découverte par Albert Gayet lors de la sixième campagne de fouille, celle qui a lieu en 1900-1901, et révélée par l'exposition au musée Guimet de 1901. À cette occasion, Albert Gayet avait réuni dans une même vitrine deux défunts : Thaïs et un moine du nom de Sérapion. Les Parisiens de 1901, en découvrant cette vitrine exposant Thaïs, connaissent évidemment Sainte Thaïs. Ils connaissent également la Thaïs d'Anatole France, popularisée par l'opéra de Massenet. Ils se précipitent alors au musée Guimet pour voir ce qu'ils pensent être les restes de la courtisane d'Alexandrie, retirée dans la Thébaïde, présentée en compagnie du moine qui, selon la légende, l'aurait convertie. Albert Gayet organise des conférences pour rappeler l'importance de cette découverte. Dans ce cadre, il sollicite une jeune actrice italienne prénommée Isis pour mettre en scène l'habillage mortuaire de Thaïs : le flux de visiteur est énorme, comme le rapporte la presse".


Podcast "Chefs-d'œuvre en vies", par Jean de Loisy
Coproduction France Culture - Musée du Louvre
Avec les voix de Clotilde Hesme et et Micha Lescot
Réalisation : Céline Ters

Conférence "L'Oeuvre en scène : La sépulture de Thaïs"

  • Tunique de Thaïs, tissu tardo-antique, Antinoé

1 sur 1