Tombeau pour perpétuer les plaisirs ou porte vers le Ciel ? Le Mastaba d'Akhéthétep

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Avec Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités egyptiennes

Au Louvre, dans les salles des Antiquités égyptiennes, le visiteur découvre une fente dans un mur. C'est l'étroite entrée d'une chapelle funéraire, celle d'Akhéthétep. Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes au Louvre, nous guide à travers ce mystérieux tombeau.

Il y a plus de 4000 ans, Akhéthétep prépara soigneusement son dernier voyage cosmique qui lui permettrait de rejoindre pour l'éternité les dieux et les étoiles. C'est à cette fin qu'il fit construire cette chapelle. Elle est ornée par l'agitation frémissante de splendides bas-reliefs qui semblent moins parler de la mort que de la vie. Pourtant, trois ouvertures, feintes ou réelles, interrompent ces frises et sont sans doute l'énigmatique raison d'être de ce splendide mastaba. Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes au Louvre, explore ce mystérieux édifice au micro du critique et historien d'art Jean de Loisy.

Une chapelle funéraire au cœur de l’Égypte antique

Au temps de l'Égypte antique, seuls les grands dignitaires avaient droit à des tombeaux monumentaux. Le mastaba Akhethétep, qui fut une personnalité influente de l’Ancien Empire et proche du pharaon, en est un parfait exemple. Sa chapelle funéraire, datant de 4 000 ans, est aujourd’hui conservée au Louvre, où elle figure parmi les chefs-d’œuvre des collections égyptiennes. Acquise en 1903, elle est constituée de blocs de calcaire magnifiquement ornés, où se mêlent hiéroglyphes et représentations sculptées. En la traversant, comme le faisaient autrefois les proches du défunt, on découvre des bas-reliefs détaillant une Égypte vivante : paysages fertiles, travaux agricoles, banquets festifs, danses et rites funéraires.

Pendant l’hiver 2016-2017, le Musée du Louvre a lancé une grande campagne pour la restauration du mastaba. Pour retrouver la hauteur du monument antique, un soubassement de pierre a été aménagé. Il surélève le monument et présente désormais les reliefs à leur juste hauteur comme dans les bonnes proportions. Le chantier s'est terminé au printemps 2021.

Les yeux d'Akhethétep

Il y a dans ce mastaba trois ouvertures. La statue Akhethétep observe par l'une d'entre elles. Vincent Rondot nous explique cette disposition :  "Les anciens Égyptiens ont prévu dans les mastabas un espace appelé le serdab. C'est une pièce aveugle qui contient de nombreuses statues du défunt et des membres de sa famille (...) La statue d'Akhethétep est dans cette cache qui n'est pas tout à fait aveugle, puisqu'il y a une meurtrière qui permet à Akhethétep de voir à l'intérieur de son logement, et d'assister au culte funéraire dont il bénéficie. Mais également à sa propre âme, de le reconnaître en se déplaçant dans le tombeau. Car, la deuxième ouverture sur les trois, qu'on appelle les fausses portes, des simulacres, des hiéroglyphes de portes, puisqu'elles sont fermées, sont des portes que nous, vivants, ne pouvons traverser, mais que l’âme du défunt franchit librement. Parce que derrière cette fausse porte se trouve le puits funéraire, rempli de gravats après l'inhumation du défunt, qui peut descendre à très grande profondeur, entre 15 et 25 mètres parfois. L'âme a tout à fait le pouvoir depuis le tombeau et la momie d'Akhethétep, de remonter à travers ce puits, de passer par la stèle-fausse porte et de venir se poser sur la table d'offrandes pour recevoir ces dernières".


Podcast "Chefs-d'œuvre en vies", par Jean de Loisy
Coproduction France Culture - Musée du Louvre
Avec les voix de Clotilde Hesme et et Micha Lescot
Réalisation : Céline Ters

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