Pour ses contemporains ou pour l'éternité ? Le tombeau de Philippe Pot

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Avec Sophie Jugie, directrice du département des Sculptures

Au Louvre, un tombeau de chevalier qui ne ressemble à aucun autre impose sa gravité aux visiteurs des salles consacrées à la sculpture du Moyen Âge. C'est celui de Philippe Pot, grand sénéchal de Bourgogne. Sophie Jugie, directrice du département des Sculptures au Louvre, tente d'en percer l'énigme.

Huit personnages soutiennent gravement un défunt : c'est Philippe Pot, grand sénéchal de Bourgogne. Allongé, mais les yeux grands ouverts, casqué, en armure, l'épée au côté, un animal à ses pieds. Le fameux chevalier repose sur une dalle historiée et ce grand monument nous fait deviner peut-être deux messages assez mystérieux. L'un adressé aux hommes et l'autre destiné au ciel. Jean de Loisy, historien et critique d'art, explore ce chef-d'œuvre aux côtés de Sophie Jugie, directrice du département des sculptures au Louvre

Un chef-d’œuvre funéraire du Moyen Âge

Le tombeau de Philippe Pot est l’un des plus impressionnants de la fin du Moyen Âge. Il a été réalisé en pierre calcaire entre 1475 et 1500 et attribué au sculpteur Antoine Le Moiturier. Huit pleurants vêtus d'amples aubes noires, leur visage dissimulé par de vastes capuchons, presque grandeur nature, portant des écus armoriés, semblent avancer en soutenant la dalle sous laquelle repose le chevalier en prière, revêtu de son armure et de sa tunique héraldique. Ce monument unique intrigue d’autant plus qu’il fut commandé par Philippe Pot lui-même de son vivant, destiné à orner une chapelle de la prestigieuse abbaye de Cîteaux.

Une mise au tombeau terrestre et céleste

Sophie Jugie nous éclaire sur ce chef-d'œuvre de la sculpture bourguignonne, véritable lien entre les hommes et les cieux : "Je pense que le tombeau avait des couleurs très vives et que cela devait donner une impression de grand réalisme. (...) Ce tombeau est si étonnant et si novateur parce qu'il met les spectateurs en face d'une mise au tombeau qui montre l'enterrement du Christ à échelle humaine et avec un réalisme accentué par la polychromie. Et cette mise au tombeau, comme l'a montré l'historien de l'art Émile Mâle, s'inspire du théâtre et des mises en scène médiévales."


Podcast "Chefs-d'œuvre en vies", par Jean de Loisy
Coproduction France Culture - Musée du Louvre
Avec les voix de Clotilde Hesme et et Micha Lescot
Réalisation : Céline Ters

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