Naples à Paris

7 juin 2023 – 8 janvier 2024

Passée

Passée

  • vue de l'œuvre La douleur du satyre musicien - 1

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La douleur du satyre musicienJusepe de Ribera
Apollon et Marsyas
1637
Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte

« Ah ! quel est mon repentir ! criait-il. Ah ! une flûte ne vaut pas d’être payée si cher ! »

Ovide, Métamorphoses, VI, 386

Une invention frappée de malédiction

Pour imiter les gémissements des Gorgones qu’elle vient de vaincre, la déesse Athéna invente un nouvel instrument, l’aulos, une sorte de flûte ou de hautbois. Or l’instrument l’enlaidit, car pour en jouer, il faut gonfler les joues. Elle le rejette alors, le frappant de malédiction. Le satyre Marsyas le récupère et en tire des sons mélodieux qui le rendent très populaire. Mais le succès l’enorgueillit. Il en vient à accepter une joute poétique avec le dieu des arts, Apollon. Voyant que Marsyas avec son aulos produit une musique plus belle que celle qu’il tire de sa cithare, le dieu retourne son instrument, mettant Marsyas au défi de faire de même avec le sien. Le satyre a perdu et Apollon, pour le punir de son hubris, de son orgueil démesuré, consomme une horrible vengeance. Impassible, il attache sa victime à un arbre. Puis il tue le malheureux en l’écorchant vif.

Une terrible vengeance

Cet épisode mythologique, relaté par le poète romain Ovide, a toujours inspiré les artistes, car il leur permet d’exprimer le paroxysme de la douleur. Le peintre Ribera choisit une composition sur deux plans horizontaux. Surplombant le satyre, le dieu savoure sa vengeance, tandis qu’au plus bas du tableau, le visage hurlant du condamné concentre toute la souffrance provoquée par l’odieux supplice. Le renversement du corps, la mise en relief de la toison du satyre et la tension de ses muscles renforcent l’horreur de la torture. Mais le plus dur à soutenir, dans cette scène de désolation, est sans doute le sourire du jeune dieu impassible, jouissant intérieurement de la torture infligée.

Une source d'inspiration pour Luca Giordano

Trente ans plus tard, le peintre Luca Giordano choisira de présenter les protagonistes de profil et de mettre en relief sur la diagonale du tableau le cri de douleur d'un satyre, consterné par la cruauté du dieu. Les deux tableaux sont présentés côte à côte à Capodimonte. Ils le sont également dans la Grande Galerie du Louvre.

Deux tableaux consacrés au mythe d'Apollon et Marsyas

  • Jusepe de Ribera, Apollon et Marsyas, 1637, Naples , Museo e Real Bosco di Capodimonte

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