Les Grands Hommes de la cour Napoléon

Entretien

Le 31 mai 2023

Après un état sanitaire et les premières interventions, le musée du Louvre poursuit l’entretien des statues des grands hommes de l’histoire de France, programme sculpté du Second Empire qui orne la cour Napoléon.

Treize siècles d’histoire de France 

Reprenant un projet du 18e siècle pour la Grande Galerie, l’architecte Louis Visconti, chargé de la réalisation du Nouveau Louvre par l'empereur Napoléon III, propose en juin 1853 un programme sculpté pour enrichir les façades de la cour Napoléon : 50 statues et 50 bustes d’« hommes illustres ». Son successeur, Hector Lefuel, reprend le projet, renonce aux bustes et amplifie le nombre de statues qui prennent place au premier étage.

Là, dans le prolongement des colonnes, 86 sculptures de pierre, hautes chacune de 3,15 mètres, scandent la puissante horizontalité de cette longue façade. Artistes, lettrés, savants, hommes d’État et d’Église, ces grands hommes en tenue d’époque et dotés d’attributs représentatifs incarnent l’histoire de France du 6e au 19e siècle. Les choix, établis par une commission spécifique, sont très consensuels. Les personnages trop contemporains sont évités pour pallier toute polémique. Aucune femme n’est retenue. Le seul militaire présent, Vauban, l’est pour ses qualités d’architecte, d’écrivain et d’homme d’État. Les militaires sont renvoyés dans les niches de la rue de Rivoli.

À 12 mètres de hauteur, c’est le panorama d’une vaste histoire lettrée, savante et pacifique qui se déploie. La cour et son décor sculpté sont inaugurés en 1857.

Le retour des grands hommes : un protocole léger préventif

Les statues des grands hommes n’avaient fait l’objet d’aucune intervention d’ampleur depuis la restauration faite à l’occasion des travaux du grand Louvre si ce n’est quelques interventions ponctuelles. À partir de 2018, plusieurs chutes de fragments de pierre ont reporté l’attention sur ces statues.

La terrasse Mollien en retour située au sud de la cour Napoléon présentait le plus grand nombre de statues altérées, ainsi elle a fait l’objet d’une première intervention en 2020. Il s’agissait d’agir dans le cadre de l’entretien courant des façades du musée et non pas de lancer une campagne de restauration pour permettre une intervention rapide et prévenir de futures pertes de matières.

En concertation avec l’architecte des Bâtiments de France (ABF) et la conservation régionale des Monuments historiques (CRMH), à l’issue d’un diagnostic d’état sanitaire, un protocole a été défini afin de respecter l’épiderme de la pierre : démoussage, ragréage et finition ; les produits utilisés étant restreints (biocide, ragréage, patine d’uniformisation, hydrofuge). Les réparations se déroulent depuis un camion-nacelle ce qui permet une grande souplesse d’intervention et évite le recours à un échafaudage, source d’économies certaines. Il est à noter que les croûtes noires ne sont pas traitées car elles nécessiteraient une intervention plus invasive.

En 2021, un état sanitaire de l’ensemble des statues des Grands Hommes a été fait à l’occasion d’un stage de fin d’études. Ce stage a abouti à une planification de l’entretien selon l’état d’altération. Ainsi, il a été décidé de traiter entre deux et trois terrasses par an (environ une vingtaine de statues) afin de traiter l’ensemble en quatre ans.

Plus de deux ans après les premières interventions, le développement d’algues et de mousses n’a pas repris, les pertes de matières sont interrompues. Ces opérations permettent à la restauration des statues d’être reportée tout en ravivant leur présentation.

Cette opération bénéfice du soutien de la Fondation Gandur pour l’Art.

STATUE POUSSIN (avant et après intervention)

STATUE MANSART (avant et après intervention)

 Partager cet article

Vous aimerez aussi

"Longtemps, des foules considérables se sont déplacées aux Tuileries pour assister à des évènements sportifs"

A voir ses carrés de pelouse bien entretenus, ses jolis massifs de fleurs et ses œuvres d’art, on peine à imaginer que le jardin des Tuileries fut un haut lieu du sport. C’est pourtant ce qu’Emmanuelle Héran, conservatrice en chef chargée des collections des jardins, a découvert à l’issue de minutieuses recherches. Retour sur un aspect méconnu de l’histoire du jardin.

La salle du trône de Louis XVIII aux Tuileries

Grâce à un prêt exceptionnel du Mobilier national, le département des Objets d’art consacre une salle à la présentation du mobilier de la salle du trône de Louis XVIII au palais des Tuileries. Rencontre avec Anne Dion, conservatrice générale, adjointe au directeur du département des Objets d’art, pour évoquer l’histoire de ce projet.

Carte blanche à Klaus Mäkelä et à l'orchestre de Paris

Première carte blanche donnée à un chef d’orchestre par le musée du Louvre, celle-ci a représenté – pour Klaus Mäkelä et l'Orchestre de Paris dont il est le directeur musical – une traversée des espaces du musée où différents programmes ont eu lieu. Au cœur des collections, deux concerts ont confronté des œuvres emblématiques du Louvre avec des pièces musicales peu jouées en France.