La restauration des statues de Charles V et de Jeanne de Bourbon

Actualité de la recherche en histoire de l'art
Par Pierre-Yves Le Pogam, musée du Louvre, Alexandra Gérard, C2RMF, et Jennifer Vatelot, restauratrice

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Les statues de Charles V (1338-1380, roi de France à partir de 1364) et de son épouse Jeanne de Bourbon (1338-1378) comptent parmi les œuvres les plus importantes de la sculpture française du 14^e siècle, notamment parce qu’elles constituent un jalon essentiel dans l’histoire du portrait. Néanmoins, leur histoire complexe a entraîné des dommages concernant notamment les bras et les attributs, ainsi qu’un mauvais état de surface. Ces dégradations ont été causées non seulement par l’incurie ou le vandalisme, mais aussi par la méconnaissance de leur origine et la volonté de les identifier à tout prix avec des œuvres en réalité disparues. La succession des interventions avait abouti aussi à un disparate de couleur et d’apparence entre les attributs, inventés au 19^e siècle, lors de la restauration menée sous la direction de Viollet-le-Duc, et la substance originale des statues.

Avec l’appui d’un comité scientifique et de la commission de restauration du musée du Louvre, l’étude menée conjointement par deux restauratrices et par de nombreux spécialistes du Centre de recherche et de restauration des musées de France et du Laboratoire de recherche des monuments historiques a permis de clarifier de nombreux points de l’histoire des deux œuvres (nature du matériau, recherche de traces de polychromie, nature des altérations, historique des interventions successives) et de préparer la restauration, en préconisant diverses méthodes de nettoyage. La restauration proprement dite, réalisée par une équipe de restauratrices et restaurateur et soutenue financièrement par le fonds de dotation Terre de Cultures, vient de s’achever. Elle a amené à approfondir certains aspects de l’étude (en particulier sur la polychromie et les interventions concernant les attributs) et à utiliser des méthodes de nettoyage diversifiées. Le travail de restauration a consisté d’abord à redonner leur stabilité aux deux statues ; puis le nettoyage a permis de leur redonner un aspect plus proche de leur état originel, plus lisible et plus harmonieux.