Mission archéologique à Apollonia du Pont (Sozopol, Bulgarie)

Antiquités grecques étrusques et romainesArchéologie

Le 15 décembre 2023

Afin de saisir l’ensemble de la chaîne opératoire qui entourait le traitement du métal, nos travaux ont porté du 22 mai au 10 juin 2023 sur le site de Sarneshko Kladenche.

Moins que la conquête d’un vaste territoire ou une vocation commerciale précoce, la cité d’Apollonia du Pont doit son essor aux riches mines de cuivre qui parsèment la région. C’est ce que laisse entrevoir la vaste zone artisanale explorée par la Mission en 2019 aux portes de la cité où l’ensemble de fours mis au jour succède à la nécropole des premiers colons. C’est ce que reflète également l’imposante statue en bronze d’Apollon, haute de 30 coudées (env. 13 m), réalisée au Vème s. av. J.-C. par le sculpteur Calamis, qui orne certaines de ses émissions monétaires. La découverte en mer de lingots de cuivre révèle en ce sens la forte vocation exportatrice de ces ateliers métallurgiques.

Afin de saisir l’ensemble de la chaîne opératoire qui entoure le traitement du métal, nos travaux ont porté du 22 mai au 10 juin 2023 sur une des zones d’extraction qui parsèment la chaîne du Medni Rid. Le site de Sarneshko Kladenche, découvert en 2010 à l’ombre du sommet Bakarlaka, concentre onze minières dont la silhouette zèbre encore le couvert végétal moderne. Aux marges d’une d’entre elles se déployaient les vestiges d’un atelier saisonnier que le mobilier permet de dater du second quart du VIème s. av. J.-C.

Il s’articule autour de trois zones distinctes. Au nord-est, un four métallurgique, remarquablement conservé, était placé dans une des haldes. Ses caractéristiques le rattachent à la catégorie des bas-fourneaux à scories coulées et à ouverture frontale démontable. Non loin, une aire de grillage assurait la désulfurisation du minerai, aboutissant à la production d’un matte soumis ensuite à réduction dans le four voisin.

A l’est du site, un atelier de ferronnerie fournissait aux mineurs les outils nécessaires au concassage du minerai dont témoigne encore un lourd piochon en fer (PIN 4), découvert au pied de la halde. Protégé par une toiture végétale, un four quadrangulaire maçonné en pierres sèches voisinait avec une amphore posée dans le sol où s’opérait le refroidissement des instruments. Le martelage était réalisé à proximité sur un large bloc servant d’enclume. Pour approvisionner cet atelier, plusieurs bas-fourneaux à scorie piégée étaient destinés à une autre métallurgie, celle du fer, à laquelle se rattachent d’imposantes scories de silicate de fer (fayalite) déposées entre les négatifs encore visibles de ces fours. Enfin, au centre du site, une charbonnière alimentait l’ensemble de ces installations en combustible. Non loin, une galerie de mine, explorée en marge du chantier, laisse la question de sa datation encore ouverte. Elle rappelle néanmoins par sa présence l’existence, en dehors des mines à ciel ouvert, d’autres modes d’exploitation, à une époque sans doute plus récente.

C’est donc sous une forme encore brute, celle de massiaux de cuivre, que le minerai était transporté aux portes de la cité. Il était alors soumis dans la zone artisanale à une dernière réduction. Cette opération aboutissait à un cuivre suffisamment pur pour être conditionné sous forme de lingots avant d’être exporté, depuis la zone portuaire voisine, vers le monde égéen.

 

Direction

Alexandre Baralis, Musée du Louvre, AGER, Krastina Panayotova et Teodora Bogdanova (Institut national d’archéologie, Sofia) et Dimitar Nedev (Musée archéologique de Sozopol).

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